Simon de Vau


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 74).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Simon de Vau

Est de Picardie, âgé de 30 ans, resté à l’Isle Bourbon d’un vaisseau fourban en 1701. Il a pour épouse Anne Royer créole blanche, femme qui comme luy est sans éducation, mais avec cette différence qu’elle est très simple, très sage et fort vertueuse, mais luy est fol, jureur d’habitude, ivrogne et paresseux, sans autre profession que celle de matelot, il n’est pourtant pas mauvais, et ne manque point d’obéissance, avec cela fort serviable pour tous ceux qui le veulent employer, et surtout ceux qui luy veulent donner à boire ; en ce cas il travaille comme quatre, et n’est paresseux, que pour ce qui le regarde. Il a deux enfants garçons, qui sont encor fort jeunes auxquels il est à croire qu’il ne s’attachera pas beaucoup à donner de l’éducation ; il possède une pièce de terre très considérable à la montagne, de laquelle il ne peut cultiver qu’une petite partie n’ayant qu’un seul Noir, aussy fait il peu de récolte et a beaucoup de peine à vivre. Il a pour tout bestiaux un seul bœuf portant, et point du tout d’argent comptant, quoy qu’il eut plus de 1800 Ecus, lorsqu’il se débarque, et qu’il a tout dissipé, sans avoir la précaution de se pourvoir au moins de quelques nipes, dont luy et sa famille sont aujourd’huy dans les derniers besoins.



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