Robert Tarby ⭐


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 44).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Robert Tarby

Est un Ecossais âgé de 33 ans, il resta à l’Isle Bourbon en 1704, au mois d’avril, d’un vaisseau fourban ; cet homme est ivrogne au possible, ce qui l’an même fait devenir impotant, joint à une autre vilaine maladie, qui luy a rempli le corps d’ulcères, il est jureur comme le sont presque tous les philibustiers, car il semble parmy ces messieurs là que ce soit une belle qualité, et sans cela, l’on ne serait pas assés méchant, il est peu attaché à la religion romaine, qu’il y a fort peu de temps qu’il professe, c’est à l’isle même qu’il a abjuré la protestante, dans laquelle il disait être né ; mais le peu d’éducation qu’il a, fait croire qu’il n’en connaissait aucune, pour de profession, il n’en n’a point du tout, que celle de matelot, qu’il ne peut plus mettre en pratique puisqu’il est impotent ; il réside à Ste Marie, où il a beaucoup plus de terre qu’il n’en cultivera jamais et a beaucoup de peint à vivre, avec cette quantité de terres, car il les cultive mal, quoy qu’il aye 2 Noirs et 3 Négresses, dont partie à la vérité, sont petits, il est mal nipé au possible, et ne prend pas grand soin d’amasser de quoy l’estre mieux, il a de bestiaux : 4 bœufs, 3 cochons, 8 cabrits et 4 chevaux ; mais point du tout d’argent comptant, il a encor la mauvaise qualité d’estre hargneux et de n’obéir qu’à regret. Il a pour épouse Anne du Gain, qui est une très laide mulatresse, et une grande beste coeffée, qui n’a pas la moindre éducation, et dont la vertu n’est pas à l’épreuve du premier venu, si ce ne sont ceux qui craignent de payer trop cher ce brutal plaisir, il a eu de ce mariage 2 filles, qui sont encor fort jeunes, et l’on doit s’imaginer, quelle éducation auront ses enfants, étant conduits et élevées par de tels père et mère.



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