Pierre Robert ⭐


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 43).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Pierre Robert

Est un créol mulâtre, âgé de 31 ans, honnête homme, remply d’honneur, quoy que sans éducation, fort laborieux, et entendu, il est bon charpentier, et bien capable de la conduite d’un ménage, aussy bien que d’une habitation, celle qu’il possède, et où il fait sa résidence, est située a la Rivière du Mas, elle est fort grande, mais il en cultive une partie considérable à l’aide de deux de ses frères qu’il retire chez luy, et de six enfants, lesquels, quoy que fort jeunes, il fait travailler selon leurs petites forces : il a pour épouse Marguerite Colin, femme d’une vertu exemplaire, et de laquelle les plus médisants n’ont pu trouver occasion de parler, elle est fort soigneuse, et fort intelligente, elle a tout l’esprit possible pour une femme née dans un pays désert, dévote au possible, et d’une grande douceur ; elle élève ses enfants d’une manière tout a fait édifiante, et l’on peut dire que ces deux personnes estaient faites l’une pour l’autre, car l’on ne peut pas voir une union plus accomplie, que celle qui est dans ce ménage, l’endroit de leur demeure est des plus commode pour élever des bestiaux estant fort éloigné d’aucuns voisin, ils en sçavent profiter, car ils ont 90 bœufs, 40 cochons et 6 chevaux, ils vivent le plus commodément du monde et reçoivent avec beaucoup de plaisir tous ceux, qui les veulent aller voir, et sans faire d’augmentation a leur ordinaire, l’on y fait fort bonne chère, ils ont eu le talent, par leur sçavoir faire, quoy qu’éloignés du commerce des autres habitans, d’amasser 7 à 800 Ecus, et de se bien niper, et cela du fruit de leur habitation, ou de leurs bestiaux, qu’ils vendent fort bien a ceux qui ne veulent pas se donner ce soin. L’on ne doit pas douter qu’un homme qui a tant de bonnes inclinations ne soit fort obéissant, et ne devienne un jour, un des plus puissans habitans de l’isle.



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