Pierre Parny


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 72).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Pierre Parny

Est de Bourgogne, agé de 32 ans ; il fut à l’Isle Bourbon, avec Monsieur de la Cour, dont il estait le domestique, il est boulanger de profession. Cet homme cy a eu de bonnes éducations, et sçait lire et écrire, et ne manque point d’esprit, et a même esté fabrice de la Paroisse de St Paul, mais malin comme un asne rouge, mutin désobéissant, grand raisonneur, vivant de mésintelleigence avec sa femme, et avec toute sa famille, cruel jusqu’à la barabarie, à l’égard des ses Noirs, les maltraitant à tort et à travers, sans raison, et sans leur vouloir donner leur subsistance ; aussy a t il beaucoup de peine à s’en conserver quelques, ils sont presque toujours marons, il en a même eu un de pendu, et cela bien plutôt, par sa faute, que par celle de ces pauvres Noirs, que l’on ne peut, cependant, s’empêcher de châtier lorsqu’ils ont tombé dans quelque grande faute ; avec toutes ces mauvaises qualités, il ne laisse pas d’estre très laborieux, et à l’aide de 4 Noirs et 3 Négresses qu’il possède ; il cultive suffisament de la terre pour vivre très commodément, il en possède à la montagne un espace considérable, dont il n’y a pas la dixième partie de défrichée, je croy que si l’on luy délivre des pieds de poivrier, qu’il en aura soin, il fait sa résidence sur les Sables de St Paul, et fait élever ses bestiaux à St Gilles, à un lieu appelé l’Hermitage dont le nombre est de 500 cabrits, 12 bœufs, 40 cochons et 10 moutons, et peu avoir 3 ou 400 Ecus d’argent comptant ; il a pour épouse Barbe Mussard créole blanche, qui ne manque point d’esprit, ny d’éducation, et dont l’on ne peut rien dire du costé de la vertu ; mais d’un esprit maussade et farouche, qui serait fâchée si elle se croyait une amie au monde, querelleuse et emportée, encor plus cruelle à ses Noirs que son mary, dont elle est aussy bien la maîtresse que des autres, aussy vivent ils comme chiens et chats, ils ont eu de ce mariage trois enfants : 2 garçons et une fille, qui sont encor fort jeunes, et dont on ne peut jusqu’à présent sçavoir quelle sera l’éducation que de si bons père et mère leur donneront.



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