Pierre Bouché


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 73).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Pierre Bouché

Est de Nantes, agé de 39 ans, resté à l’Isle Bourbon en 1706 au mois de décembre, d’un vaisseau fourban. Cet homme est sans éducation, il ne sçait même, ny lire, ny écrire et n’a point d’autre profession que celle de bon matelot ; d’ailleurs très honnête homme, bien craignant Dieu, et très obéissant, point ivrogne, ny joueur, et très laborieux, mais insigne avare, lorsqu’il s’établit à l’Isle Bourbon, il acheta les habitations, et les esclaves d’Antoine Cadet, qui passa avec toute sa famille à Pondichéry, sur le vaisseau Le St Louis au mois de may 1708. Il a pour épouse Luce Payet créole mulatresse, qui est une femme d’une grande simplicité, mais avec cela fort sage, et dont la conduite est sans reproche, et très bonne lingère, il a eu de ce mariage un petit garçon qui est encore fort jeune. Cet homme icy possède quantité de terres, tant aux montagnes, que dans les bas, celle qu’il possède à la montagne, en plusieurs endroits, est pour la plupart en friche, nestant pas en pouvoir, ny à beaucoup près de la déffricher, et cultiver tout à fait ; il fait presque toutes ses récoltes dans les terres qu’il possède dans les bas, qu’il fait très bien profiter, employant utilement 7 Noirs, et une Négresse, aussy vit il très commodément, et fait beaucoup de profit du surplus de son nécessaire ; on ne peut manquer de luy remettre des pieds de poivrier, car il en aura très surement soin ; il fait sa résidence au Vieux St Paul, où il cultive avec beaucoup de soin une vigne qui produit déjà du raisin, quoy qu’il y ait fort peu de temps, qu’elle soit plantée ; sur ce même endroit il élève partie de ses bestiaux, et l’autre partie à la Pointe du Gallet lesquels consistent à 15 bœufs, 60 moutons, 60 cochons, 130 cabrits et un cheval, il peut avoir 5 à 600 Ecus d’argent comptant.



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