Marie Touchart ⭐


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 69).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Marie Touchart

Est une créole mûlatresse âgée de 30 ans, veuve d’Henry Grimauld qui s’estait embarqué, luy et sa famille, en 1701 sur les vaisseaux de la Princesse et le Bourbon, pour aller à Surate, pour de là passer en France sur les mêmes vaisseaux ; mais ledit Grimauld estant mort à Calicut, cette femme, au retour de ces vaisseaux à l’Isle Bourbon s’y débarqua avec 3 enfants : 2 garçons et une fille, et fut demeurer chez son père Athanaze Touchard, où elle a resté pendant quelques années se comportant très sagement et même d’une grande dévotion, ne s’occupant que du soin de prier Dieu, et de bien élever ses enfants, auxquels elle donne de bonnes éducations, et on la citait pour exemple de sagesse et de vertu, mais enfin, aparament que l’état de veuve ne luy plaisant pas, et ne voulant point aussy se mettre sous le joug d’un mary, elle prit le prétexte, pour sortir de chez son père, de dire qu’elle voulait faire profiter son bien et celuy de ses enfants qui consiste en 6000 Ecus que son mary luy laissa, lorsqu’il mourut, et que pour cela, il fallait qu’elle fût demeurer sur les Sables, où elle serait plus en commodité de le faire, elle y demanda un emplacement qui luy fut accordé, et la suite a fait voir qu’elle avait un autre dessein en quittant la maison de son père, ce n’estait que pour avoir plus de liberté dans le libertinage, et dans la mauvaise vie qu’elle avait envie de mener, car elle ne fut pas plustôt sur les sables, qu’elle se fit faire un enfant, dont elle accoucha quelques jours avant le départ du St Louis ; l’on a même voulu attribuer cet enfant à de certaines personnes, qui sont peut être celles qui y ont le moins de part. Cette femme ne possède aucune terre en propre autre que cet emplacement sur les Sables, qui est seulement pour bastir une maison, et subsiste sur les terres de son père qu’elle ayde à cultiver par 2 Noirs et 3 Négresses qu’elle possède, elle a aussy 12 boeufs qui sont élevés à St Gilles, avec les bestiaux de son père.



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