Le Sr Joseph de Guigné


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 30).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Le Sr Joseph de Guigné

Est de Saumur, il est de l’âge de 41 à 42 ans pour connaitre à fond quelles sont les facultés, et la capacité de cet homme, il faut le prendre de plus loin que de son établissement à l’Isle de Bourbon ; il est de nécessité de croire qu’il est né quelque chose au dessus du commun par les belles qualités qu’il possède, et les éducations qu’il a eu, il a étudié; et a poussé ses études jusqu’au dernier point, où elles pouvaient estre dans un âge consommé, quoy qu’il les quittât de fort bonne heure pour prendre le service, il y entra dans le corps de la cavalerie où il parvint à estre officier de simple cavalier qu’il estait à la paix, il quitta le service, et passa à l’Amérique où il fut chargé de la garde de plusieurs magasins, de quoy ceux qu’il employaient furent se contents, qu’ils le firent marchand sur un vaisseau, dont ils donnèrent le commandement à un nommé Forget homme de peu de capacité, de sorte qu’il se trouva obligé de prendre la conduite de la route, et vinrent à Madagascar dans le dessein de traitter avec les fourbans, mais ils y furent pris, et cet homme se trouva obligé même par la force à faire un voyage avec ces messieurs, pour y exercer le pilotage, et principalement la chirurgie, qu’il possède à fond, ce vaisseau après son voyage fait, toucha à l’Isle de Bourbon, en 1704 et c’est de là qu’il y resta, il y a épousé Françoise Carré créole blanche, laquelle à l’exemple de son mary, est d’une conduite exemplaire, il a eu de son pariage deux garçons, auxquels il y a apparence qu’il donnera une belle éducation ; Mr le Gouverneur le fit enseigne du quartier et ensemble nous le fimes greffier, il s’acquitte avec exactitude et attachement de ces deux emplois il a deux Noirs, qui ne suffisent pas pour deffricher, et cultiver les terres qu’il possède, quoy qu’il n’en ait pas une fort grande étendue, il peut avoir en argent 3 à 5 cents Ecus, le nombre de ses bestiaux est encor fort petit, mail il est sûr qu’il donnera ses soins, pour le faire multiplier ; pour cet effet il a demandé un emplacement au Butord (St Denis) où il fait sa résidence à présent, il a un bœuf, 4 chevaux, 50 cochons et 6 moutons ; enfin cet homme est capable de faire tout ce qu’on demandera de luy c’est à dire à l’Isle de Bourbon il pourait en estre le chirurgien major, et comme il fait sa résidence à St Denis, l serait entre les deux quartiers St Paul et Ste Suzanne, et en tout cas, pour les affaires les plus pressées l’on pourait avoir un second, qui résiderait toujours à St Paul, hors que l’on n’estimât mieux faire deux chirurgiens majors. Le dit Guigné pour les quartiers de Ste Suzanne et St Denis et l’autre pour St Paul. Je croy cela mieux, car il est absolument nécessaire d’avoir deux chirurgiens dans l’isle, le nombre des habitans commençant à estre bien grand, puisqu’il y a à présent mille âmes au moins. L’on peut sans crainte délivrer des pieds de poivriers à cet homme, il en aura surement soin.



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