Jean Robert


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 41).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Jean Robert

Est un créol mulattre de l’isle, âgé de 28 ans débauché au dernier point, et aussy paresseux, point la moindre éducation, il ne sçait point du tout sa croyance et n’a point de profession ny mestier, et vit plustost en beste qu’en homme, l’on pourrait même dire qu’il a quelque chose de pire, car la beste par son instinct a le soin de chercher à vivre, et celuy cy meurt de faim pour ne se vouloir pas donner ce mouvement, il a pour femme Marie Damour, digne épouse d’un tel mary et qui ne vit que du fruit de son libertinage ; ils ont cependant 3 enfants, qui sont les plus à plaindre, car ces pauvres innocents meurent de faim, et vont tout nuds, et cela très positivement par la faute, et par la négligence de leurs mauvais père et mère, car au lieu où ils sont situés, qui est à la Rivière du Mas, est des meilleurs de toute l’isle pour élever des bestiaux car il y a dans cet endroit une infinité de lataniers et de palmiers, il faut même deffricher ces arbres pour faire des plantages, que ce terrain est des meilleurs, car c’est une règle générale que les palmistes ne viennent que dans les meilleurs terres et la preuve en est visible, car il n’y a personne qui doute que le terrain de Ste Suzanne ne soit le meilleur de l’isle, et tout ce quartier est remply, mais je dis abondament, de ces arbres palmistes, c’est même avec leurs feuilles, qu’ils couvrent leurs cazes, et il ne faut pas moins abattre, que 7 à 800 palmistes pour couvrir une caze, lorsqu’elle est un peu grande. Il y a, dans cet endroit une espace des plus considérables de terrain, qu’il laisse en friche, et qui selon toute apparence y sera longtemps, si l’on n’y met ordre, il a pour tous bestiaux, 2 bœufs, 12 cochons et 3 chevaux ; il est obéissant, mais ce sont de ces obéissances bestes à qui un conducteur fait prendre le chemin qui luy plait, sans rien faire par soy même.



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