Jean Jouson


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 37).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Jean Jouson

Est un Hollandais âgé de 33 ans, resté à l’Isle de Bourbon en 1706 au mois de décembre d’un fourban ; c’est un homme qui n’a jamais eu le moindre principe d’aucune religion, il faisait pourtant profession de la luthérienne, ou pour mieux dire il aura esté élevé dans cette religion, sans en connaitre les misteres, à plus forte raison sçaurait il ceux de la religion romaine, dans laquelle il est à présent, ayant fait abjuration de toutes autres à l’isle même, entre les mains du Sieur St Germain, il n’a point d’autre métier, que celuy de matelot, qu’il a exercé toute sa vie, point d’éducation ny de sçavoir vivre, ne sçachant ny lire, ny écrire, d’ailleurs point de bon sens, ivrogne et très paresseux, mauvais ménager, peu capable de la conduite d’un ménage, jureur et difforme de sa figure, il a pour épouse Marie du Gain créole presque noire, laquelle a eu un enfant avant de l’épouse, dont il estait fort bien instruit ; cette femme est de la dernière bêtise, et n’est pas mieux instruite que luy des mistères de nostre foy, il fait sa résidence à Ste Marie, deux lieues de distance de St Denis où il a une espace de terrain assés considérable, bon et propre à la culture de toutes choses, il pourait, en faisant valoir partie de ce terrain, vivre très commodément, s’il employait à propos 2 Noirs et une Négresse, qu’il possède, mais le peu de soin qu’il y apporte, fait qu’il ne vit que misérablement, il n’a pas le sol d’argent comptant, et est dans l’indigence de toutes les autres choses nécessaires au ménage ayant tout dissipé par ivrognerie ce qu’il pouvait avoir amassé par philibuste, il élève cependant, quelques bestiaux, lesquels consistent en : 2 bœufs, 15 moutons et 5 chevaux, la bestise de cet homme ne luy permet pas d’estre désobéissant, aussy est il très soumis aux ordres qui luy sont donnés, excepté quant il est ivre car il devient le plus brutal de tous les hommes, et ne connait personne.



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