Jean Arnould


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 29).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Jean Arnould

Est un créol de l’isle fort bazanné, âgé de 37 à 38 ans, il a pour femme, une créole nommée Marguerite Caron, qui est aussy mulatresse, ils n’ont point eu d’enfant depuis plusieurs années qu’ils sont mariés, et l’on peut croire que ce n’est pas la faute de sa femme, car elle n’a pas la réputation d’estre une vestale. Cet homme a eu d’assés bonne éducation, il sçait lire, et écrire, et fort bien les misteres de sa religion, mais il met fort mal toutes ces choses en pratique, car il aime beaucoup la débauche, et est naturellement ivrogne, il est fort fort paresseux, car pour éviter de faire un établissement fixe, il a toujours changé de quartiers en quartier, et il n’y a que deux ou trois ans, qu’il s’est attaché à faire quelques plantages, où il réussit assez bien, il fait sa résidence à Butort, où son peu d’économie ne luy a pas fourny jusqu’icy, les moyens d’avoir quelques bestiaux aimant mieux jouer son argent même avec des Noirs, que de se le ménager pour son nécessaire, il fait sa récolte à Ste Suzanne, où il a beaucoup plus de terre qu’il n’en peut cultiver, le nombre de ses bestiaux consiste à un seul bœuf portant, avec lequel il transporte de Ste Suzanne à sa maison le fruit de ce qu’il a recueilly, ainsy que tous les autres habitans, qui ont des terres à Ste Suzanne le pratiquent, d’ailleurs, il est fort obéissant et soumis aux ordres, point fripon, mais grand menteur, et ne sçait aucune profession.



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