Etienne Hoarau, le père ⭐


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 50).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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Etienne Hoarau, le père

Est un créol blanc, âgé de 41 ans ; l’on peut dire qu’il est assurément la perle de ces créols, car il est, sans faire tort à qui que se puisse estre, un des plus honnêtes homme de toute l’isle ; il a toute l’éducation qu’il est possible d’avoir reçue dans un pays, comme celuy là, il sçait lire et écrire, même quelque chose du latin, toutes les rubriques de l’Eglise, instruit dans sa religion, plus qu’il n’est possible de l’estre, quand on a si peu appris, il est doux, civil, affable, obéissant, bien craignant Dieu, toujours près à rendre service, charitable au possible, enfin, il serait difficile de luy trouver aucun défaut, car de ses jours il ne n’est pas grisé une seule fois, et croirait avoir commis un grand pêché mortel, s’il avait prononcé le mot de ma foy ; il n’a jamais eu de différend avec un seul habitant, et conduit son ménage et ses Noirs, avec une intégrité et sagesse qui devraient estre l’exemple de tous les autre, il est laborieux, s’il en fut jamais et extrêmement adroit à tout ce qu’il fait, et sans avoir jamais appris, il est fort bon charpentier, bon menuisier, maçon, cordier et vigneron, et fait toutes ces choses en perfection, on peut dire que c’est un digne sujet, il serait à souhaiter qu’une grande partie, ou pour mieux dire, tous les habitans fussent comme luy ; l’Isle de Bourbon serait sur un meilleur pied qu’elle n’est aujourd’huy. Il a pour deuxième épouse Ursule Payet créole mulatresse, qui est fort bien élevée, et dont la vertu et la sagesse sont connues de tout le monde, très bonne lingère, et qui prend grand soin de son ménage et de ses enfans, auxquels, à l’exemple de leur père, elle donne de très bonnes éducations, ses enfants sont 7 sçavoir : 5 garçons et 2 filles, il a aussy 3 Noirs et 3 Négresses. Avec ce nombre d’enfants et d’esclaves, il cultive ses terres avec tout le soin possible et en retire tout ce que l’on peut avec cette force, laquelle ne suffit pas pour cultiver la quantité de bonnes terres qu’il possède, et surtout à la montagne, om il en a considérablement ; mais avec celles que ses forces luy permettent de cultiver.

On ne peut manquer de remettre à cet homme beaucoup de pieds de poivrier car il est sur qu’il en prendra grand soin.

Il vit for à son aise, et fait beaucoup de profit du surplus de son nécessaire, lorsque l’occasion s’en présente ; il fait sa résidence au Parc à Jacques, proche la plaine, où il cultive une vigne très jolie, laquelle produit fort abondament, quoy qu’il y ait fort peu de temps, qu’elle soit plantée. C’est à ce même lieu, où il élève ses bestiaux, dont la quantité est de 30 bœufs, 250 cabrits, 30 cochons et 36 moutons, et peut avoir 5 à 600 Ecus d’argent comptant.



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