Bernardin Hoareau


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 49).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
©️Vous êtes autorisé à copier tout ou partie de ce document à condition de créer un lien vers cette page.

Bernardin Hoareau

Est un créol blanc, agé de 29 ans, qui a fort bien esté élevé, il sçait lire et écrire, très bien sa doctrine fort sage, obéissant et craintif, mais avec cela, un peu ivrogne, et insigne paresseux, il a pour femme Marguerite Touchard créole mulatresse, de qui l’on ne parle que légèrement, elle est de la dernière simplicité ; quoy qu’elle sçache fort bien sa doctrine, et la met bien en pratique, elle fait toute son application de sa lingerie, et il faut luy rendre cette justice, qu’elle y excelle, et l’on peut assurer qu’il n’y a point de lingère en France, qui mit si bien à perfection, une chemise ou autre chose que l’on luy donne à faire, pourvu qu’elle en ait un modèle ; ils ont de leur mariage une petite fille, qui est encor fort jeune. Cet homme devrait avec 4 Noirs et une Négresse, qu’il possède, vivre aisément, et faire, même profit du produit de ses terres, dont il a une bonne quantité à la montagne, qu’il laisse presqu’en friche, se contentent de cultiver une partie de celle qu’il a, au proche l’Étang du costé de la montagne où il demeure ; c’est ce qui fait qu’il a de la peine à vivre ; à peine même, se veut il donner soin, ou pour mieux dire, il ne se le donne pas du tout de cultiver une vigne considérable qu’il a à sa porte, laquelle, malgré son peu de soin, produit tous les ans plus de 2000 grapes de raisins d’une grosseur prodigieuse, laquelle, si elle estait cultivée avec soin, en produirait plus de vingt mille grapes ; il peut avoir d’argent comptant, deux cents Ecus et de bestiaux : huit bœufs, douze moutons et cinq cochons.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *