André Rauld


Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu’ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) alors garde-magasin de la Compagnie des Indes en l’Isle de Bourbon (aujourd’hui Île de la Réunion).

Source : Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 48).
Transcrit d’après une copie manuscrite du XIXème siècle dans le respect de l’orthographe (à l’accentuation, ponctuation et majuscules près pour une meilleure lisibilité).
⚠️Ce mémoire est destiné à un public averti, il contient des propos parfois controversés, offensants ou choquants.
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André Rauld

Est Xaintongeois, agé de 41 ans, resté à l’Isle Bourbon, en 1706 au mois de décembre, d’un vaisseau fourban, sur lequel il servait de charpentier, qui est sa profession, cet homme n’a pas eu d’éducation ; mais il est très honnête homme, sage, vivant bien, obéissant, point ivrogne, faisant toute son attache à bien conduire son ménage, et à faire valoir ses terres, sur lesquelles à l’aide de 8 Noirs et 5 Négresses, qu’il conduit avec une grande prudence, il fait des récoltes considérables, qui le font vivre agréablement, et luy donnent un grand profit, de ce qu’il vend du surplus de son nécessaire : toutes les terres qu’il possède dans les montagnes, ne sont pas à beaucoup près deffrichées, mais, il y travaille à force, et en viendra à bout par la suite, car il est extremement laborieux, il a, à cette montagne, deux pieds de vigne que j’y ay vu planter, il n’y a pas 4 ans, qui produisent à présent plus de 4000 grapes de gros raisin blanc, il en a planté de rouge depuis peu, dont il prend grand soin, il a acheté ces terre, Noirs et bestiaux de Pierre Folio qui passa avec toute sa famille sur le vaisseaux le St Louis en 1708 au mois de may, pour aller à Pondichéry, il fait sa résidence sur les Sables de St Paul, et élève ses bestiaux aux environs de la Rivière du Gallet, et à la pointe qui porte ce même nom, dont le nombre est de 90 bœufs, 30 moutons, 200 cabrits, 90 cochons, et 3 chevaux ; il peut avoir d’argent comptant environ 1000 Ecus, qu’il fera sans doute bien profiter, car il est bon ménager, il a pour épouse Thérèse Duhalle, créole blanche, femme d’unes très mauvaise conduite, et sans sçavoir faire, et peu d’éducation, il n’est point informé de la mauvaise vie de sa felle, car il a trop d’honneur, pour n’y pas mettre ordre, s’il en estait instruit. Il a eu de ce mariage un garçon qui est encor fort petit, auquel il est à croire qu’il donnera, ou fera donner une bonne éducation.



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